Première conférence d’Abbeville

La semaine dernière, j’ai assisté à un colloque à Abbeville où un intervenant s’est longuement appuyé sur le PIB pour étayer son propos. Le problème, c’est qu’à aucun moment il n’a semblé percevoir la limitation du PIB en tant qu’indicateur. Or, celui-ci est, à bien des égards, imparfait. la manière dont il est calculé (aujourd’hui encore) ne prend en effet pas en considération deux éléments fondamentaux : le loisir et la pollution. Pour bien comprendre le fond du problème, il faut rappeler que le PIB mesure le produit net ou la valeur ajoutée d’une économie en estimant les biens et services achetés avec de l’argent. Il néglige donc le produit qui n’est pas acheté et vendu et qui, par conséquent, n’est pas évalué. Les deux omissions les plus importantes sont certains loisirs et des effets externes tels que la pollution et l’encombrement. La généralisation de péages ou taxes relatifs aux effets externes constitue toutefois une certaine valorisation. Dans la plupart des pays industriels, la durée hebdomadaire du travail a diminué d’au moins dix heures depuis 1900. En choisissant de travailler moins, les gens révèlent que le loisir supplémentaire obtenu vaut au moins autant que les biens additionnels qui auraient pu être produits en travaillant plus. Mais quand les gens décident d’échanger des machines à laver ou de l’acier contre un loisir non marchand supplémentaire, le PIB comptabilisé diminue. Le PIB sous-estime donc le véritable produit économique du pays. Inversement, la pollution produite réduit le bien-être économique net procuré par l’économie et idéalement, elle devrait être soustraite du PIB. Par exemple, les émissions d’anhydride sulfureux qui s’échappaient des centrales thermiques au charbon engendraient des « pluies acides ». Dans des pays tels que l’Allemagne occidentale, elles ont entraîné une dégradation de nombreux hectares de forêts. Dans le cadre d’une comptabilité nationale complète, cet effet des pluies acides aurait dû être soustrait du PIB à mesure qu’il apparaissait. L’inclusion du loisir dans le PIB aurait augmenté le PIB aussi bien en 1870 qu’en 1980. Comme la valeur du loisir s’est sans doute accrue moins vite que le produit comptabilisé, le taux de croissance d’une mesure plus complète du produit aurait sans doute été plus faible. De même, il se peut que la pollution ait progressé dans la réalité à un rythme plus rapide. Il est donc possible que les taux de croissance du PIB affichés surestiment le rythme auquel les économies ont augmenté leur production nette de biens et services possédant une valeur économique. Cette incompréhension imparfaite du PIB rendait à mon sens le discours de cet intervenant caduque. Cela dit, ce colloque m’aura au moins permis de découvrir la baie de somme. D’ailleurs, si vous souhaitez organiser un événement là-bas, je vous recommande l’agence qui a organisé le nôtre. J’ai beaucoup apprécié le professionnalisme avec lequel il a été mis en oeuvre. Que voulez-vous, on s’intéresse d’autant plus à la forme quand le fond vient à manquer… En savoir plus en suivant le lien sur le site du spécialiste renommé de l’organisation de séminaire en Baie de Somme.